Félicitations à Angélique et merci pour son retour d’expérience à propos du triathlon M de Cayeux-sur-Mer! 

Voici son récit: 

 

Mon premier « triathlon » M

 

« As-tu au moins pris du plaisir ? » m’a demandé Ben

« NON ! » fût ma réponse

Émotionnelle, épidermique, crue et surtout fausse, mais je ne le savais pas encore.

Ce « NON » sec et dur était celui de la déception, de la solitude et de la douleur ressentie tout au long de cette épreuve, mais en aucun cas mon réel sentiment après avoir digéré ce défi sportif.

DECEPTION, de ne pas avoir nager.

Je me suis engagée sur le triathlon de Cayeux sur mer pour le plaisir de la nage en mer et pour son format M, objectif de cette deuxième année de pratique du triathlon. Quelle claque en arrivant sur le front de mer ! La rumeur court déjà. Drapeau rouge. Vent à décorner les bœufs. Vagues. Courants. Nage chaotique de l’an passé dans les mémoires.

Au retrait des dossards, la confirmation, les larmes aux yeux, le palpitant en zone 3 : « natation annulée, trop dangereuse ». Le bonnet marqué de son beau 8, ligne infinie prémonitoire de ces longs passages contre le vent semblant sans fin, restera au fond du sac. Renaud me rassure. Les combinaisons restent dans la voiture, les vélos dans le parc, la puce à la cheville gauche et le bracelet de soutien à la lutte contre la mucoviscidose au poignet droit, on ne renonce pas! On trottine un peu le long du front de mer… Zone 4… on se place derrière la ligne de départ… Zone 5… Briefing… Zone 3… Bisous de Renaud … Zone 5… je le laisse avec les « balèzes » devant pour éviter de les gêner et la bousculade du démarrage… Je repère un petit groupe de filles que je pourrais peut-être suivre « laissons les partir de toutes façons on court moins vite »… Zone 2… DEPART ! Je suis vite distancée, même par « le groupe », que je garde en ligne de mire quand même tout le premier tour puis c’est la SOLITUDE… Zone 5…

Plus à l’aise en natation que dans les autres disciplines, je me suis préparée mentalement à affronter ce M comme les 2 S de l’année dernière, sortir de l’eau dans le premier tiers, me faire doubler à vélo pour me retrouver dans le dernier tiers et survivre sur la course à pieds pour conclure sans faillir et perdre trop de place! Physiquement, 4-6 entraînements par semaine avec mes temps forts 3 natations, 2 courses à pieds et 1 vélo,  et mes temps faibles (ou le manque de temps) juste la nage, évidemment, avec pour humble objectif de finir environ en 3h30!

Au final pas vraiment préparée pour ce duathlon M, 10 kms CAP , 40 kms VELO, 5 kms CAP. Mes plus longues distances parcourues en CAP : le trail de Pierrefond en janvier, 13 kms, et le swimrun XTERRA de Gerardmer en juin, ne me réconfortent pas pour aborder cette épreuve. Aucune idée de comment gérer ce 10 kms de démarrage . Étant partie sur la base de sortir de l’eau en moins de 25 min, il est évident que que je ne retrouverai pas mon vélo dans les mêmes délais ni dans le même état de « fraîcheur ».

Je cogite beaucoup sur le deuxième tour m’étant faite doubler sur la fin des 5 kms par le premier triathlète, et ses 5 copains qui le suivent de près… Ils courent 2 fois plus vite que moi… Je ne suis pas à fond … Mais pas loin… Ça fait mal… Mal au jambes… Mal au coeur… Je m’accroche, aidée par les encouragements chaleureux sur le bord de la route. Et de rejoindre le triathlète me devançant à environ 7 kms me redonne du moteur et surtout du moral.

J’enfourche « RedBitwin » et me lance. Je me sens rapide et « balèze », 37-38 kms/h… 39, YOUHOUUUuuuuu !

Et les revoilà, les vrais « balèzes » ! Ils me doublent comme des fusée. Mots gentils de Ben : « Prends du plaisir maintenant ! ». Décidément avec son Plaisir … Quel plaisir ! De voir vos petits fessiers pommelés de « balèzes » s’envoler au loin, comme les mouettes au dessus des embruns… Foutues endorphines ! Concentre toi, pédale !

Je garde une bonne cadence, j’appuie sur les pédales, je me remotive et… la voiture balais me colle… le vent arrive en biais fait trembler mon guidon, 32… 30 … et de face… 28… J’appuie et surtout j’essaie de garder cette foutue cadence dont Renaud me parle religieusement à chaque sortie. Tiens le voilà qui passe aussi ! Ah, oui ! C’est un « balèze » aussi mon amoureux, je l’aime, il m’encourage, son fessiers puissants s’envole aussi… Concentration, pédalage!

27 km/h… Je décide d’arrêter de regarder ma démoralisante montre, d’ignorer le vrombissement de la voiture balai, et de me concentrer sur mes sensations. Trop dur, trop lent, je relance en danseuse… Trop de bourrasque, je me fais la plus plate possible sur les cocottes… Tapes dans le dos, encouragements des « balèzes » qui continuent leur bal de la seconde boucle.

Ma première boucle se finit sur les mots malheureux du speaker car « les premiers vont bientôt boucler leur duathlon et la dernière triathlète boucle son premier tour de vélo… euh… no coment ! » J’ai envie de le tuer. Mots blessants… DOULEUR ! Mal au coeur, mal au dos, mal au cuisse…

Et puis c’est à mon tour de tous les doubler… Ils courent… évidemment !!!

Je retrouve le parc à vélo avec des jambes titubantes mais une volonté farouche de finir ce que j’ai commencé, de ne rien lâcher. L’arbitre me demande si j’arrête. « NON! »

Renaud m’attend, m’encourage et fait les derniers kms de CAP avec moi, d’abord dans mon ombre à moteur, puis à mes côtés, marchant… courant… et rejoints par un autre triathlète à vélo. Mes 2 ailes qui m’aident à voleter jusqu’à la ligne d’arrivée.

3h39 !!!

Parc à vélo désert, les premiers sont arrivés il y a presque 2h, Richard 27 minutes après le premier, Renaud 34, Olivier 37, Yoann 41, Eric 43, Philippe 49, Manu 57, Geneviève a préservé son tendon après le vélo, et moi 1h49, 256/300, 43ème feminine, 10 DNF, 34 DNS…

Tout ces « chiffres », toutes ces émotions fortes, toutes ces nouvelles sensations…

« NON ! » Je n’avais pas encore compris ce que je ressentais et ce que j’avais accompli.

« NON ! » C’était juste la déception, la solitude et la douleur, en surface. Au fond de moi, un sentiment cherchait son chemin à travers les remous de l’effort et la  descente des endorphines.

 

« Tu as regardé ce qu’il y avait d’écrit sur ton bracelet du don ? » m’a demandé Renaud

« Non… » et de lire : « Se promettre des choses à soi-même est le plus dur des défis. Le plus beau est de les relever. Gregory Lemarchal »

Je n’ai pas fait le triathlon M prévu, je ne suis pas une sportive de haut niveau qui réalise des exploits mais je me suis dépassée en relevant mon défi, le sport apprend à mieux se connaître, vivre pleinement et s’accomplir. Alors, OUI, ça m’a fait PLAISIR de vivre mon sport, de finir une épreuve et c’est vraiment BEAU de partager ces moments de vie !