On l’attendait toutes et tous… Il est arrivé! Le 3ème et dernier épisode d’Objectif Seuil est arrivé.

Une nouvelle fois MERCI de ce partage Kévin.

Objectif seuil ! Séance test finale : 15km

Nous y sommes enfin. Cela fait maintenant 12 semaines que j’ai commencé ce programme d’entraînement et nous arrivons finalement à la fin.

Ce dernier mois d’entraînement a été extrêmement éprouvant. Les séances difficiles se sont enchaînées et je n’ai plus été capable de finir une seule séance en étant parfaitement dans les allures. Je voulais connaître mes limites, c’est fait ! Ma gêne au genou est toujours présente mais elle ne s’est pas aggravée, ce qui est une bonne chose. Mon mental est quant à lui au plus bas, cela est dû au fait de ne plus réussir à tenir les allures lors des séances difficiles. Ma confiance en la réalisation de mon objectif final a donc diminué. Heureusement, la dernière séance avant la semaine de récupération servait à nous mettre en confiance : 1h30 entre 4’19/km et 4’03/km. Ce fut l’unique séance où je me suis vraiment senti bien, 23.3km parcouru à 4’08/km. Une lueur d’espoir venait de renaître en moi.

Samedi 5 juin 2021, 8h30 :

En me réveillant ce matin, je pense à ma journée d’hier qui a été relativement intense : Télétravail toute la journée avec un enchaînement de réunions inintéressantes mais qui me rajoute du travail, une séance de préparation (35’ de footing + 7*100m rapide) où j’ai vraisemblablement trop forcé vu les petites courbatures que j’ai ce matin. Ajouté à cela la route pour venir en Normandie et par conséquent une heure de couché qui avoisine les 1h. Vous pouvez donc imaginer mon état de motivation ce samedi matin. Une question se pose donc : Vais-je faire cette séance ce aujourd’hui ?
L’idée de faire la séance demain est alléchante (1- Je serais plus reposé, 2- Je n’aurais surement plus de courbatures, 3- Il est déjà tard et je risque d’avoir chaud, …) mais n’ayant pas l’habitude de repousser les échéances (tout simplement parce que je veux m’en débarrasser), je me lève bien décidé à en découdre. J’ouvre mon vélux et là, grande surprise : Il n’y a pas de vent (en Normandie !!!). C’est un signe du destin, les astres sont alignés, c’est mon jour de gloire, il faut que je me prépare (NB : vous savez, on se raccroche à ce que l’on peut quand la motivation manque).

J’avale une demie banane, bois un grand verre d’eau et c’est parti pour un échauffement méthodique : 20’ de footing et des gammes. J’enfile à présent mes chaussures à plaques carbone (oui, deux fois en moins d’un mois, j’ai l’impression d’avoir une vie normale où les courses s’enchainent) et je fais mes trois accélérations progressives.

Aujourd’hui j’ai la chance d’être accompagné, cela me permettra d’avoir une motivation supplémentaire, en plus d’un compteur vélo qui sera très utile pour calculer précisément la distance (je ne vais pas faire confiance à Strava et courir plus que nécessaire). Contre toute attente je me sens bien et je suis serein avant de m’élancer. Mon objectif est simple et unique aujourd’hui : 15km en moins de 1h soit du 4’00/km. Dans ma tête j’ai divisé cette épreuve en 3 segments de 5km que je dois parcourir en 20 minutes chacun.

C’est parti ! Je me lance donc à corps perdu dans cette séance. Les premiers kilomètres sont faciles et je cours en 3’55 sans trop forcer. L’idée de mettre fixer un objectif pas assez ambitieux me traversa l’esprit, c’était sans compter sur le facteur durée de cette séance ! J’avale les 5 premiers kilomètres en 19’50, j’ai donc 10 secondes d’avance sur mon objectif. Un tiers de fait, c’est passé vite mais les 10km restant m’apparaissent comme une distance interminable. De plus j’ai ralenti et cours maintenant à 4’03/km, on pourrait dire que ce n’est pas grave mais les secondes de retard s’accumulent rapidement. Entre le 7ième et le 8ième kilomètre j’ai une douleur dans la hanche gauche qui apparait, je remarque que je force plus sur cette jambe et que nous venons d’enchaîner 2 virages à droite à 90°. J’en fais part à Morane qui me remotive en me disant : « Ce n’est rien, tu as déjà vécu pire ! Tu vas t’en remettre t’inquiète ! Tu ne m’as pas fait chier avec cet entraînement à la con pendant 3 mois pour finalement abandonner à mi-parcours ! ». Elle n’a pas tort, finalement je serre les dents et j’avance. L’idée de m’arrêter ici me traverse quand même l’esprit, je n’ai aucune envie de me blesser, malgré tout je continue en appliquant une technique de contournement pour me garder motiver : Quand un effort me paraît trop important je le divise en plein de petits morceaux. Dans le cas de cette séance je me suis dit : « Termine ce kilomètre et tu verras après ce que tu fais. Puis, encore un kilomètre et tu auras fait 10km, il ne te restera plus que 1/3 de la séance, etc. »

J’arrive au 10km en 40’11, j’ai donc accumulé 11 secondes de retard et surtout je viens de parcourir 5km 20’21, j’ai vraiment ralenti. Heureusement ma douleur à la hanche est partie, les 2/3 de la séance sont passées et il ne me reste plus que 5km à parcourir. A ce moment-là je me dis que ces 11 secondes de retard sont rattrapables, il ne faut pas que je baisse les bras maintenant et que de toute façon il est hors de question d’échouer. J’arrive donc à relancer et stabiliser mon allure autour des 4’00/km, il m’est cependant impossible d’aller plus vite. Mes jambes commencent à être lourdes mais la motivation remonte car le but est proche. À partir du 12ième km mes jambes se libèrent et j’accélère progressivement, comme si un blocage venait de sauter et que mon corps me donnait finalement accès à toutes les réserves d’énergie disponibles. Sur le dernier kilomètre j’accélère car j’avais encore 3 secondes de retard sur mon objectif. Je termine finalement ce 15km en 59’55 ! Je suis rincé mais tellement fier d’avoir fini dans les temps. Le programme d’entraînement est officiellement terminé et j’ai validé l’objectif que je m’étais fixé en le commençant. Je pense tout de même être capable de faire un peu mieux mais la fatigue mentale et physique ne m’ont pas permis d’aller plus vite aujourd’hui.

Bilan de ce programme d’entraînement : Ce programme m’a permis de grandement améliorer ma vitesse seuil. En effet, avant de commencer cet entraînement je me battais pour faire un 10km en 40 minutes (15km/h de moyenne) et aujourd’hui j’ai réussi à tenir cette allure sur 15km. Ce programme m’a aussi ouvert les yeux sur mes capacités d’endurance. Il m’a poussé dans mes retranchements, tant sur le plan physique que mentale. Je suis tellement soulagé que ce soit fini (avec la validation de mes objectifs) et que je puisse enfin réallouer du temps à la natation et au vélo. Les sorties longues en course à pied avec de l’intensité c’est CIAO !!! (Enfin pour le moment). La prochaine étape c’est de travailler ma vitesse car malgré mes 26 ans j’en manque cruellement.

L’un de mes objectifs lors de l’écriture de ces articles pour le club fut de vous montrer la réalité/difficulté d’un programme d’entraînement et de vous faire part de mes ressentis « intimes » lors des séances difficiles. Rassurez-vous, tout le monde à des doutes, des défaillances physiques et un manque de motivation par moment mais sachez qu’avec un travail organisé vous arrivez à remplir vos objectifs sportifs. Si j’y suis arrivé, pourquoi pas vous ?

Il est temps pour moi de tourner la page de l’objectif seuil et de vous dire à bientôt pour peut-être un autre programme d’entrainement au retour des vacances d’été 2021.

Kevin Bardin