7 mai 2017 : le premier jour du reste de ma vie

Un bon semestre de préparation depuis l’annonce officielle de la candidature qui en a surpris plus d’un. Le lot traditionnel de commentaires rabats joies « spécial profil atypique », déprimants à souhait, à décourager les meilleures volontés (mais ça fait partie du paysage et du challenge à surmonter !), l’enthousiasme insatiable des fans, les gestes et les postures inlassablement répétés, et cette détermination à faire tomber le mur de Berlin (bon d’accord il est déjà par terre, c’est pas la faute à Voltaire).
Le 7 mai, la consécration.
Pour « celles et ceux » qui lisez ces lignes, vous êtes bien sur un site de triathlon, pas sur un site politique… Alors non, il ne s’agit pas de l’élection du nouveau président en ce 7 mai 2017 ! Ni de ma première surprise party ! C’est mon premier triathlon (un style particulier de surprise party finalement ….).

Alors la première nouvelle, c’est que ce récit est la preuve que « je n’ai pas mouru en cours de route », et que je n’ai pas, a priori, je précise bien « a priori », aux lecteurs d’en juger, laissé tout ou partie de mon cerveau dans le lac gelé…. Quelques neurones, tout au plus, à moins que….

Le soleil avait, ce jour-là, décidé de bouder la scène… contrairement à la pluie qui s’était invitée au rdv en nous gratifiant d’un arrosage généreux et continu. Et le commandant de bord d’annoncer une température de 10 degrés au plus à l’amerrissage, et une eau à 14 degrés….

D’ailleurs j’ai cru un instant être dispensée de natation, les organisateurs ayant annoncé le maintien de cette épreuve une demi-heure avant le départ.
Dans le feu de l’action de la préparation (la gestion du paramètre matos est déroutante pour qui vient de la course à pied), le stress pré-compétition s’est rapidement dissipé, lui qui m’envahissait depuis le réveil. Curieuse sensation que ce tract-là, assez désagréable dans son étreinte, mais nécessaire à produire la décharge d’adrénaline indispensable … à la survie !
Parce qu’il s’agissait bien de survie dans l’eau ! Immédiatement après m’être jetée dans le bassin, panique à bord, tous les voyants se sont allumés, les alarmes actionnées, en mode « alerte, alerte », Arghhhh, mais que se passe-t-il ???? Impossible de mettre la tête dans l’eau, le froid oppressait ma cage thoracique au point de m’étouffer. Je me suis mise à haleter telle un chien ayant parcouru des dizaines de km en plein cagnard. Imaginez une mamie qui nage la brasse sans mettre la tête dans l’eau de peur de ruiner sa mise en pli….. Combinez l’image de la mamie et du chien, c’était moi … j’ai beau être du signe du poisson, chez moi c’est plutôt le modèle « poisson enclume ».
Pendant que je luttais contre cette sensation oppressante et angoissante, je me suis dit : « bon, c’est pas pour moi, dans 200 mètres, à la sortie à l’australienne, je dégage à gauche et j’arrête là. » Arrivée à l’australienne, lorsque j’ai retrouvé mon élément, la terre, je ne sais par quel miracle, le mode « bovin » s’est immédiatement enclenché et j’ai suivi le troupeau sans même penser à dégager (le dégagisme est pourtant à la mode de nos jours). Je me suis alors jetée à nouveau à l’eau pour entamer la deuxième partie du lac. Et là, tout fut calme et volupté, je mets enfin la tête dans l’eau en position de crawl et me concentre sur le paysage ‘sous-lac – hein’ (on est en Picardie, c’est pas une mer mais un lac, hein’ !). Bref je fais du tourisme, nature et découverte….

Après m’être faite mise minable par les Golgotes en mode « hommes de l’Atlantide », dans la dernière traversée (j’ai essayé d’en attraper un pour me faire tirer ( !), mais ça allait trop vite !), j’atteins enfin la rive, avec un sentiment de victoire : j’ai réussi, je n’avais jamais expérimenté l’eau vive, et le milieu aquatique, de surcroît glacée, n’est pas du tout, mais alors pas du tout ma tasse de thé !! Au passage, j’en profite pour disserter sur les facteurs limitant et le ridicule, dont voici les conclusions :
– mes limites me semblent la plupart du temps purement subjectives, le pur produit factice de mon mental, déconnectées de mon potentiel et de mes capacités ;
– pour l’avoir expérimenté, je confirme que le ridicule ne tue pas.
Direction parc à vélos, première transition, en mode « je balance tout sur la caisse (et non dedans) », j’enfourche enfin mon vélo, je retrouve mon élément favori. Et c’est parti pour 20 bornes sur route humide et glissante, jonchée de voitures remplies de citoyens accomplissant leur devoir républicain à 10 heures du mat’, c’est limite (sport et élections cohabitent mal), les signaleurs s’en sortent bien, un grand merci à eux.
Couchée sur la bécane, nez dans le guidon, coudes rentrés, respiration rythmée, « ♫♪ je ne reconnais plus personne, quand j’roule c’est plus la déconne, tsouin, tsouin, tsouin ♫♪♫ ,je roule à plus de trente, Et je me sens à feu et à sang ♫♫ » .
Puis transition et course à pied, qui ressemblait plutôt à course sur moignons sur une bonne moitié du parcours…. « ♫ où sont mes pieds,♫,avec leur geste peu assuré, dites-moi ou sont mes pieds, mes pieds mes pieds ? ♫♫ ».

Des fois que je les aurais laissés, sous le lac gelé….

Ligne d’arrivée, ça s’est fait ! Je vérifie, mes pieds sont bien là, ouf !
Pour conclure, j’veux qu’ « ♫ ça continue, encore et encore …. ♫, C’est que le début d’accord, d’accord… ♫ ».
Assez surprise d’avoir décroché un podium, il faut dire que dans ma catégorie de vieilles, je concède que c’est « physiologiquement » usurpé. Allez, un scoop : mon médecin, qui a une machine à mesurer le temps (non pas une montre…), m’a déclaré un âge physiologique de 27 ans !!! Le fée clochette a dû passer par là.
Vivement le prochain rdv !