Comme vous le savez peut-être, j’ai fini mon premier Ironman il y a 2 semaines. Avant de partir sur la course en elle-même, un peu de contexte pour que la dernière phrase de ce texte fasse sens. A la fin, j’ai mis des petites astuces de ce que j’ai appris de mes entrainements/de la course : les+ les – (si certains ne veulent pas lire toute ma prose, lisez au moins ces astuces !!!! même si l’Ironman ne vous tente pas).

Tout commence en 2012, j’habite en Allemagne et j’entends parler d’un semi-marathon. J’avais commencé le sport 10 ans auparavant et je courais moins d’1 fois par semaine depuis. Je m’entraine alors et fais un programme très agressif (temps visé 1h50). Certaines semaines sont à 4-5 séances par semaine… à cause du surentrainement je me blesse (périostite) et je suis contraint au repos en course à pied mais j’ai le droit de faire du vélo et de la nage. Cette année-là, je rencontre quelqu’un qui me dit qu’il fait des Ironmans. Ne sachant pas nager et ayant fait un semi-marathon, quand il me dit les distances je me suis dit ce jour-là : « ce mec est complètement barré mais j’ai envie d’en être un ! » et c’est comme cela que je commence le triathlon 6 mois plus tard.

Et me voilà 5 ans plus tard le  20 septembre 2017 en Italie, 3 jours avant mon Ironman. Je me suis inscrit 3 mois plus tôt. Ma femme ne pouvant m’accompagner étant enceinte de 7mois (ce qui avait déclenché l’inscription à l’ironman :D) c’est  Florent qui m’accompagne. Je dors très mal depuis 1 mois préoccupé par la grossesse de ma femme et par l’ironman ce qui a réduit mon volume d’entrainement plus que prévu.

Le fait d’être sur place, l’excitation monte et je souhaite que la course démarre au plus vite.

23 septembre 5h30, le stress/l’adrénaline m’a déjà réveillé. Il faut se lever, essayer de manger, aller gonfler les pneus, déposer les dernières affaires (gourdes etc…), attendre et y commencer le plus long effort dans les 3 sports de toute ma vie.

Les pros démarrent à 7h30. Moi je me place dans le dernier sas >1h30 (mes temps sur half sont entre 40 et 50min donc je me dis qu’au mieux je ferais 1h30).

Ma plus longue nage étant 3km en crawl, je ne suis pas complétement serein mais au pire je ferais de la brasse. Comme lors de beaucoup de triathlon à chaque départ il y a des bruits de battements de cœur qui font monter le stress encore plus…j’essaie de parler d’autre chose avec Flo mais dans la tête je suis ailleurs. Je me place il doit y avoir 10 personnes en tout dernière moi  et c’est parti.

La nage se passe extrêmement bien. Les 3 derniers tri que j’ai fait étaient sans combi et le fait d’avoir la combi et de me concentrer au maximum sur le mouvement tout se passe très bien. Sortie à l’australienne après 2.2km : je regarde ma montre 47min. Etonnant et rassurant parce que je me sens encore bien d’autant plus que j’ai dépassé énormément de personnes. Me voilà reparti pour 1.6km. Je me dis allez un petit olympique J. Forcement les 500m pour joindre les bouées passent beaucoup plus vite par rapport au premier tour. Dernière ligne droite et je sors de l’eau en 1h20.

                                                                                     

Maintenant je pense au 180km et au fait que ma sortie la plus longue est de 135km. Je m’étais dit que je ferais les zones de transitions en marchant mais l’atmosphère est trop « poussante »… je pars en courant sur la plage, passe 2secondes sous l’eau pour retirer le sel. Heureusement que je cours car la T1 fait 1.1km de long. Je prends mon temps pour mettre la crème solaire, les crèmes anti-frottements me prépare et me voilà parti sur le vélo.

 

5 premiers km : je me fais doubler par un grand nombre de personnes car ma stratégie est de me fixer à 25-27km/h. Au bout du km50 je commence à avoir mal au dos et la grosse cote arrive. La cote passe toute seule (ok j’adore ça donc pas de soucis) mais la première boucle de 90km est interminable 60-65-70… les km passent mais pas assez vite. J’attends avec impatience le km90 pour pouvoir me dire psychologiquement que j’ai fait la moitié. Km 93 : Me voilà reparti pour un half. Le dos va mieux grâce à des étirements que je fais très souvent. Toutes les 10min je bois une gorgée et toutes les heures je mange une barre énergétique. Km 130 l’heure de manger du sale (un petit sandwich jambon fromage) pour changer du sucré. Km 140, la cote est revenue, les 140km ont déjà fait leur effet. Tout le monde est à l’arrêt. Certains sont descendus du vélo (la cote est équivalente à celle du triathlon d’Enghien). Km145-150-160-170-183. Je ne pensais pas un jour voir de tels chiffres :D.

 

La fin du vélo arrive et c’est une bonne nouvelle car cela fait 7h que je suis dessus. Vers le km 140 je suis passe aux gels pour pouvoir commencer le marathon avec de l’énergie. A la vue de la zone de transition le stress remonte en pensant à la descente du vélo. Lors de mon premier olympique et de mon premier half je me souviens de la marche en canard et des crampes… étonnement je pose le premier pied et je sens rien sauf du soulagement. je vois et j’entends Flo qui crie. Il me dit que tout le monde du club a envoyé des messages ce qui me redonne confiance. Il me donne des nouvelles de ma femme (le bébé n’est pas arrivé donc je suis rassuré).  Le fait de le voir, la fatigue s’en va un peu et la motivation remonte en flèche. Cette fois-ci je marche les premiers 600m jusqu’à la tente de transition. Je prends mon temps pour me préparer et me voilà reparti. Des gens sont assis dans les tentes et ne veulent pas repartir alors que je suis impatient.

 

Je sors de la T2 et commence à courir. Je me dis que certaines personnes ont du mal à finir un marathon et moi j’essaie d’en faire un après 180km de vélo. Je suis bien un barré ! Mais les jambes vont bien et je pars comme dans mon idée en 6min/km. Le premier km est magique avec énormément de spectateurs. Arrivée au premier ravitaillement je vois beaucoup de personnes qui s’arrêtent, qui marchent, qui ont du mal à continuer. Je reste dans ma course et me concentre, le marathon va être long.

Lors du premier tour, je me rends compte que les plus rapides ont fini bien sûr et que les plus rapides coureurs sont désormais à la même vitesse que moi mais eux sont à leur dernier tour. Je me rends compte aussi que tous les athlètes au 3eme tour (sur 4) marchent.

Je passe le premier 10km en 1h. le plan est suivi. Km 13-15 mon plan c’est qu’il faut prendre des gels pour relancer le passage du semi. Je passe le semi en 2h10. C’est un tout petit peu plus long que ce je voulais mais ce n’est pas grave. Les km passent et je sens ma bouche qui s’assèche. Ma vitesse diminue et je suis maintenant en 7min au km et je ne peux plus rien ingérer (ni liquide, ni gel, ni barres ni fruits…). J’arrive au km 24 et là c’est trop dur. Cela fait 5km que je n’ingère plus rien et je suis sans énergie. Je vois des étoiles en courant et je ne cours plus droit alors je m’arrête et je commence à marcher car je sais que si je continue comme ça je ne finirais pas. Je repense à mon livre au passage ou c’est écrit « ce n’est pas une honte de marcher, mais surtout il faut continuer à avancer ». Je marche donc et je calcule que 18km à 6km/h ça va être long. Cela m’énerve et j’accélère ma marche. Mes km bipent en 8mn/km et j’oscille entre 7min30 et 8min30/km ce qui est rapide pour de la marche. Il est 20h et le fait de marcher je commence à avoir froid. Je me change et je vois Flo comme 2-3fois par tour. Lui a eu des problèmes avec un arbitre donc il ne court plus à côté de moi mais de le voir j’essaie d’accélérer. Je reprends donc la course au km34. J’arrive à courir 3-4km et maintenant j’ai chaud. Mais mes problèmes d’énergie ne se sont pas résolus et le peu que j’ai pu ingérer pendant que je marchais n’est pas passé. Je suis contraint de m’arrêter une seconde fois. Mais là c’est 2-3min très dures surtout qu’il commence à faire nuit, froid, que tout le monde marche et certains ne sont pas bien. Je ne me vois pas finir mais je me bats. Mon mental est bien là. Je repars en marchant et les km passent. Me voilà au km40. J’entends le speaker et je recommence à courir au km 41 jusque la ligne d’arrivée. Ces 100m ne sont pas assez longs désormais. Il y a tellement de personnes autour et tellement de cris d’encouragements que la fatigue n’existe plus. Je tape dans la main d’une centaine d’inconnus et de Flo, mon ami qui m’a soutenu pendant des mois et pendant toute la course.

Je franchis la ligne après 14h10 d’effort (5h10 au marathon) afin d’entendre le speaker dire « Nicolas, You are an Ironman ». ok je l’ai entendu dire 100fois pour les autres personnes mais là c’est pour moi. C’est magique. Je me sens très bien ! je pourrais même faire plus de km et je suis définitivement un barré J 

Les – de mon entrainement/course (Certaines choses qui marchent pour moi peuvent ne pas marcher pour d’autres) :

·         La fatigue des derniers mois qui est venue de plusieurs facteurs mais l’un d’entre eux est le fait que j’ai fait trop de courses dans l’année (je crois 2 sprint, 2M, 3 halfs, 1 duathlon, 1 semi, 1 aquabike). Bref trop….

·         Je n’avais pas assez prévu de nutrition et liquide qui me convenaient dans mon « plan de course ».

·         Pareil sur le vélo, j’ai pris de l’iso donné par les bénévoles sachant que je n’aime pas cela…

·         Stress : le stress augmente le rythme cardiaque et consomme plus d’énergie… pas trouve de solution contre celui-la

Les +

La course en elle-même :

·         Il faut enlever tous les potentiels problèmes qui ne sont pas liés à la course/ à l’effort : ne pas arriver au dernier moment/ne pas prendre trop le soleil les derniers jours/ bien se couvrir pour ne pas tomber malade/trouver un logement au calme etc…

·         Se donner un rythme et y tenir sur le vélo et course à pied. A certains moments on se sent bien et on pourrait accélérer. Mais il faut se forcer à rester au rythme fixé. Je me suis fait doubler par un nombre incalculable de personnes qui dans un état de grâce se sentaient mieux. Ils ont tous finis sur les rotules et certains n’ont pas fini.

·         Pensez au smecta pour ceux qui ont l’estomac fragile (et même les autres), la crème solaire, le produit contre les brulures etc… et ce pour toutes les transitions

·         Dans les moments difficiles, pensez à tous les entrainements, les compétitions et surtout les difficiles, ceux où l’on a fait un temps décevant. Ce ne sont pas les entrainements faciles/les courses ou tout se passe bien qui servent pour le mental

·         Ne pas avoir honte de marcher-le principal est d’avancer

·         Ne pas y aller seul. Flo m’a enlevé un stress fou et m’a aidé énormément à préparer, repartir…et on peut parler de la course avant ce qui n’a pas de prix

·         Fatigue +alimentation est l’équation primordiale.

 

Entrainement :

·         Je n’ai suivi aucun plan d’entrainements. J’ai essayé d’en faire le plus possible et j’ai travaillé mes faiblesses compte tenu de mon emploi du temps.. Ce n’est pas grave. Il faut essayer d’en faire le plus possible et de toujours prendre du plaisir…

·         Etre régulier dans l’entrainement. Rien ne sert de faire 8h tous les weekends. Il vaut mieux essayer de faire 30-45min tous les jours. Et pas besoin de s’entrainer 15h/semaine pendant 9mois. En gros, il faut monter en puissance pour pouvoir supporter 2 très gros mois.

·         C’est un sport individuel mais aussi d’équipe c’est ce que j’ai appris cette année. Les entrainements é plusieurs ainsi que les discussions/motivations sont des facteurs de réussite non accessibles si l’on s’entraine seul.

·         Vous allez dire que je me la raconte mais c’est plus facile que ce que je croyais : comme le rythme reste le même et « é basse intensité », le cœur ne monte que très peu dans les tours. J’ai fait beaucoup de half ou j’ai fini beaucoup, beaucoup moins bien.

·         Rester concentré dans la course. Ne pas regarder les autres ne pas penser aux autres qui vomissent etc.

·         Comme dit le Ironman « Anything is possible ». je me disais c’est faux. Les gens sont génétiquement prédisposés. Je l’entends tous les jours. Je pense que tout le monde peut le finir. Pensez-y même dans la vie de tous les jours :

 ANYTHING is POSSIBLE